Existe-t-il la catégorie de film typiquement belge ? De prime abord, la Belgique est réputée pour ses bandes dessinées qui sont célèbres dans le monde entier ainsi que sa cuisine variée avec ses nombreuses bières et ses chocolats. Mais en regardant de plus près, le pays multilingue a développé une scène cinématographique toute aussi évidente au fil des années. Même si la scène cinématographique belge et ses réalisateurs n’ont pas encore atteint une grande popularité auprès leurs voisins européens, cela vaut la peine de jeter un coup d’œil sur la scène cinématographique complexe de la Belgique, par l'exemple du film culte belge C'est arrivé près de chez vous.
Table des matières
Le cinéma belge
Les réalisateurs belges sont connus, entre autres, pour leurs fortes propensions à l’expérimentation. Ils ont souvent la tendance à travailler avec des sujets et des représentations qui, à première vue, semblent étranges et inhabituels pour le spectateur.[1] Entre toutes les tendances expérimentales, le film belge se caractérise avant tout par ses compositions bizarres, étranges, mais aussi par son humour comique. En principe, la culture cinématographique belge peut être divisée en deux genres différents, selon le style des réalisateurs belges les plus connus. Par conséquent, il existe la catégorie du drame social classique avec les films des frères Dardenne d’un côté, et la comédie noire de l’autre côté, et ses représentants cultes Jaco van Dormael et Benoît Poelvoorde.[2]
Par rapport à la situation socio-politique, on peut constater que la scène cinématographique belge peut aussi être identifiée comme ‹ le cinéma des marginaux ›.[3] En raison du conflit entre les Flamands et les Wallons, non seulement la Belgique, mais aussi sa culture cinématographique sont empreintes d’un sentiment diffus de non-appartenance, présenté au spectateur de manière humoristique.[4] A la base de ces films se trouvent souvent des protagonistes marginaux qui doivent faire face à exactement ce sentiment de non-appartenance et aux crises d’identité qui y sont associées.[5] En plus, les tensions entre les Flamands et les Wallons sont considérées par quelques critiques comme l’origine d’une narration cinématographique plutôt agressive, qui s’étend souvent sur la description fictive d’un monde brisé et malade.[6]
Le cinéma belge pourrait donner un exemple à ceux qui veulent s’évader dans des mondes de rêve irréels ou regarder une série de représentations cyniques au cinéma, car la surréalité et le nihilisme sont des autres traits caractéristiques présents dans la scène cinématographique belge. Les films se déroulent souvent dans un monde délibérément irréaliste, ou voire surréaliste, dans lequel le spectateur se retrouve face à des scènes intérieures oniriques, à travers des stimuli visuels significatifs. En ce qui concerne le nihilisme et l’humour noire, le film culte C’est arrivé près de chez vous peut être considéré comme un exemple révélateur pour ce genre, qui assimile la mélancholie belge typique à travers le cynisme.[7]
Le film C’est arrivé près de chez vous, réalisé par Benoît Poelvoorde, Rémy Belvaux et André Bonzel sous la forme d’une comédie satirique, a atteint un statut culte international après sa sortie au début des années 1990.[8] L’idée générale d’un protagoniste dont la profession est celle d’un meurtrier en série, ainsi que l’équipe de tournage étudiante qui enregistrent les actes meurtriers, est tellement absurde et irréaliste, que cet arrangement est déjà une comédie en soi. D’une part, le meurtrier en série, Ben, tue des enfants et viole une femme avec le soutien de son équipe de tournage, d’autre part, il utilise son charme, parle de tout et de rien et cite des poèmes.[9] Les meurtres sont présentés comme des exécutions complètement ordinaires et acceptées, qui ne sont explicitement remises en question par personne à aucun moment, même si sa profession suscite une aversion subliminale chez sa famille. Ce film controversé et provocant offre au spectateur un spectacle d’une brutalité implacable dès le début, qui s’inscrit presque parfaitement dans la catégorie du film typiquement belge, grâce à son idée générale grotesque et aliénante d’un meurtrier en série sans pitié, remplie de nombreuses remarques cyniques et d’humour noir.
C’est arrivé près de chez vous : une satire provocante sous forme de documentaire
C’est arrivé près de chez vous suit un mode de narration, de contenu ainsi que de style qui est insolite. La dissonance entre les actions, la représentation et le style est liée à ce que l’auditoire attend ce se film : dûe à toutes ses scènes de thriller pleines de violences, le spectateur catégorise ce film probablement comme drame à l’avenant, ce qui est suspendu par une style tântot neutre de documentaire, tântot humoristique. Puis, la divergence entre contenu brutal et représentation comique s’explique par le fait que C’est arrivé près de chez vous est classable dans le genre du documenteur, alors du documentaire parodique.
L’absurde de ce genre se montre déjà par le sujet du film : une équipe d’apprentis réalisateurs accompagne un tueur en série semi-professionnel. Les conséquences stylistiques sont liées à un manque de professionnalisme et donc le film est en noir et blanc, des interférences dans la qualité d’image et d’audio ou des séquences peu importantes pour l’intrigue soutiennent en outre la mise en scène de l’histoire absurde. À travers ce moyen de l’absence d’une stylistique moralement conforme et ainsi cette reproduction « brute », la représentation explicite des scènes violentes fabrique un effet dans la réception du spectateur :
La décision d’être empathique et hagard par l’abuse des victimes de Benoît, amicalement appelé Ben par l’équipe de tournage, ou de se donner au divertissement de ces violences, peut être prise consciemment et rend le spectateur actif par rapport au processus de son inscription autonome dans la représentation médiale de brutalité. On peut voir une transformation dans le cours du film qui s’étend du premier visionnage à cette dernière conscience. Le film montre une augmentation d’hideur dans laquelle l’auditoire se surprend à traverser un point de revirement qui remplace la tolérance de brutalité par la terreur après avoir pris du plaisir à observer de la violence jusqu’à ce moment-là. Ce point est négocié individuellement. Ainsi, le cours de la série de meurtres de plus en plus brutale devient une expérience personnelle pour l’audience qui en est à se demander à un moment ou un autre dans quel point le plaisir du regard s’éteint, et plus important, comment celui a pu être maintenu jusqu’ici.
L’inclusion graduelle de Rémy, André et Vincent montre un développement parallèle du rôle observateur au rôle du coupable puisque les cinéastes sont aidant mais neutres et assistent passivement au début, plus tard ils aident Ben activement dans ses agressions et en dernier lieu, ils deviennent des violeurs et massacreurs. L’assimilation de l’audience avec la caméra et ainsi avec l’équipe du film – à travers une caméra subjective – force l’identification avec la culpabilité, dont l’audience est chargée peu à peu. Au sens figuré, la question de faute et de complicité se pose, au moins d’une responsabilité morale dans le rapport médiale généralement, parce que cette question astreint à une réflexion : Quelles limites un film a-t-il, sont-elles celles de bon goût ou a fortiori de moralité, et à partir d’où l’auditoire doit porter une responsabilité ?
L’intrigue est accompagnée par un style neutre et égayé qui évoque l’atmosphère d’un documentaire. Aussi, particulièrement dans les scènes éloignées des moments de crime, l’action offre des scénarios personnels et authentiques, qui font croire vivre immédiatement ce qui se passe. Les prises de film – qui à la fin de l’histoire s’avéreront être la totalité du matériel de la caméra trouvé et ajointé par une tierce personne- font fonction d’un journal de bord non filtré, d’une entrée dans l’histoire. La caméra positionne l’auditoire parmi l’événement immédiat.
Le comique de situation, qui produit partout des moments bizarres dans le film, atteint son effet dans le contraste par rapport aux actes brutaux. Il y a par exemple Benoît, insouciant parce qu’il s’amuse à élucider de façon nonchalante et détachée la procédure d’assassinat pendant l’acte même. La banalité, ici sous forme de commentaire anecdotique de Benoît sur ses atrocités, se trouve aussi dans ces scènes dans lesquelles il sort en groupe, soit pour manger des moules, soit pour se rendre dans un bar, comme si rien ne s’était passé. Le charme de Ben, protagoniste et antagoniste en même temps, complique en plus la dissociation du plaisir dans les atrocités absurdes.
Le titre C’est arrivé près de chez vous indique où se trouve la cible de la satire de Belvaux, Bonzel et Poelvoorde, qui avec ce mélange grotesque de documenteur et film d’horreur voulaient pasticher les représentations de violence au cinéma et qui posent la question de ce qui peut et ne peut pas être montré.[10] Ainsi, le film dénonce le sensationnalisme du public et lui présente un film artistique et violent dans une variante exagérée, persiflant un paysage médiatique dégénéré. C’est arrivé près de chez vous fait penser au titre accrocheur de la couverture médiatique d’un crime et on croit trouver dans ces mots un appel à l’envie de fureur, de divertissement dans la brutalité. Toutefois, ce titre du film peut dénoter un mauvais goût sur fond de son contenu.
Une identité belge ?
Le motif d’identité dans les films est principalement créé par des personnages qui sont émotionnellement attrayants pour les spectateurs, ainsi que par des actions morales. Afin d’éveiller des sentiments identitaires, on crée certaines caractéristiques de groupe, qui sont montrées dans les films. Il peut s’agir par exemple de l’identité nationale, culturelle, sexuelle ou religieuse. Lorsque le thème d’identité est abordé, des schémas récurrents apparaissent généralement. Il s’agit, d’une part, de quitter un ancien groupe et de s’intégrer dans un nouveau. Les films sur le passage à l’âge adulte, par exemple, montrent classiquement l’émancipation du personnage principale de la famille conservatrice et l’entrée dans un cercle d’amis progressiste, ainsi que le processus de « maturation » qui l’accompagne.[11] Le sociologue Carsten Heinze souligne les possibilités offertes par le film documentaire pour présenter le sujet de l’identité plus efficacement que, par exemple, les longs métrages. Le contenu véridique des documentaires crée un lien plus fort avec la réalité.[12] Il note ici que les films documentaires traitent souvent de l’identité culturelle. Dans C’est arrivé près de chez vous, des allusions culturelles à l’identité belge sont également faites, par exemple lorsque Ben invite l’équipe de tournage à manger des moules. De plus, le film se déroule à Bruxelles, et le style de tournage documentaire peut permettre à l’auditoire de se faire une idée de la ville de Bruxelles au début des années 90. D’autres caractéristiques qui pourraient conférer une identité nationale ou belge au film sont moins apparentes. Néanmoins, la caractérisation du personnage principal peut soulever des questions générales sur l’identité et la conscience de soi dans le style du film American Psycho de Mary Harron de l’année 2000 et dans quelle mesure la société peut produire des identités tant perverties et déchirées.
Critique
Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde ont écrit, joué et réalisé eux-mêmes le film C’est arrivé près de chez vous. Ils l’ont fait pour des raisons financières, car ils étaient encore étudiants à l’université à l’époque et étaient régulièrement à court d’argent.[13] Le choix du style de film est une autre mesure visant à maintenir le budget du film à un niveau modeste. Au lieu de réaliser un long métrage, les trois étudiants ont décidé de faire un mockumentary, un documenteur, alors une histoire fictive dans le style d’un documentaire parodique. Les caractéristiques typiques sont des scènes prétendument réalistes dans lesquelles les personnages savent qu’une caméra est présente et lui parlent en même temps (c’est-à-dire aux téléspectateurs). De plus, la caméra est souvent tremblante et le microphone est partiellement dans le cadre,[14] ce qui suggère des situations de tournage réelles et authentiques sur place. Cependant, le choix de caméra a également un effet sur les spectateurs. Comme il y a une connotation entre le style du film documentaire et un certain contenu de vérité associé, les spectateurs sont séduits par une implication émotionnelle plus forte dans les événements.[15] Les titres allemands et anglais Mann beißt Hund, ou Man Bites Dog, suit l’exemple journalistique, selon lequel la traduction invertie « chien mord homme » ne serait pas particulièrement spécial, mais l’inverse le serait. D’autre part, ce titre pourrait indiquer l’animalité des actes et du personnage principal. Le titre français se concentre davantage sur le thème de l’ubiquité, l’action pourrait se dérouler « chez vous ». Selon Heinze, la traduction du titre du film culte belge en allemand et en anglais attaque le paysage médiatique plus directement que le titre original.[16]
La violence dans le film est à certains endroits représentée de manière drastique et explicite, Heinze qualifie le film « cannibale ».[17] A ce point, les avis divergent le plus. Le style réaliste du film et le facteur de contraste et de violence font que les scènes semblent authentiques. Contrairement aux films hyper brutaux, dans lesquels le sang est presque utilisé comme un élément de reconnaissance et comme figure de style artistique – comme chez Quentin Tarantino, par exemple –, la brutalité réaliste est devenue visible ici : La brutalité n’est pas représentée par des fontaines de sang de plusieurs mètres de haut ou des corps qui explosent, par exemple, mais plutôt en s’attaquant au niveau psychologique des spectateurs. En outre, on peut constater un développement de comportement chez les cameramen, qui étaient passifs au début (comme les spectateurs) et qui commettent activement des crimes plus tard, pendant le viol collectif. Beaucoup de ces scènes vulgaires sont critiquées pour leur représentation, les critiques et les spectateurs ne sont pas tous enthousiasmés par ce procédé stylistique. En général, cependant, le film a bien été accueilli et a remporté plusieurs prix en tant que film d’étudiant. IMDB recense six prix remportés et cinq nominations, dont deux victoires au Festival de Cannes (Prix spécial de la jeunesse et Prix SACD). La note d’audience IMDb est de 7,5 points sur 10 possibles, et les coûts de production ont été l’équivalent d’un peu moins de 30 000 dollars.
L’exagération méchante des personnages et la critique mordante du paysage médiatique sont particulièrement appréciées. La Filmzentrale, un site allemand de critique de films, note que les parallèles entre le film et le paysage émergent de la télé-réalité, dans lequel les faibles et les impuissants sont de plus en plus regardés sans vergogne. L’immersion du spectateur et la perplexité croissante qui s’accroît avec chaque crime supplémentaire sont également signalées comme un point fort. Heinze écrit que le choix stylistique du noir et blanc par les cinéastes est un procédé qui peut représenter les oppositions de la violence frappante et les explications factuelles qui l’accompagnent. En conclusion, C’est arrivé près de chez vous possède des caractéristiques d’un film typiquement belge, tout en étant considéré comme un film culte influent aujourd’hui encore.
- Marie F. Kersting, Lukas Richter et Valeria Schwandt -
Ce texte d'étudiant a été réalisé dans le cadre du séminaire "Das BelgienNet - medienpraktische Perspektiven auf die Kultur Belgiens" (été 2021).
Notes :
[1] Cf. CHARREAU, Leslie et al., „La belgitude en cinématographie, les membres de SBC à propos de leur style de travail“, Mediarte (2020), URL: https://www.mediarte.be/fr/dossiers/formation/stories/la-belgitude-en-cinematographie-les-membres-de-sbc-a-propos-de-leur (31.05.2021).
[2] Cf. Bluth, Johannes, „Das Leben ist ein diffuser Tumor“, Spiegel Kultur (14.12.2017), URL: https://www.spiegel.de/kultur/kino/belgische-komoedien-das-leben-ist-ein-diffuser-tumor-a-1183162.html (31.05.2021).
[3] Cf. Wyrsch, Georges, „Das Kino der Aussenseiter“, SRF (06.08.2017), URL: https://www.srf.ch/kultur/film-serien/das-kino-der-aussenseiter (31.05.2021).
[4] Cf. idem.
[5] Cf. idem.
[6] Cf. Rugani, Fiona, „Der belgische Film in Deutschland“, BelgienNet (2020), URL: https://belgien.net/der-belgische-film-in-deutschland/ (31.05.2021).
[7] Cf. WYRSCH, Kino der Aussenseiter, cf. URL.
[8] Cf. Godin, Marc, „Pourquoi il faut (re)voir « C'est arrivé près de chez vous »“, Le Point (2020), URL: https://www.lepoint.fr/pop-culture/pourquoi-il-faut-re-voir-c-est-arrive-pres-de-chez-vous-23-11-2020-2402236_2920.php (31.05.2021).
[9] Cf. C’est arrivé près de chez vous (1992, Belgique), réalisation : Rémy Belvaux, André Bonzel und Benoît Poelvoorde.
[10] Cf. GODIN, Pourquoi il faut (re)voir, cf. URL.
[11] Cf. Benyahia, Sarah Casey et al. AS Film Studies: The Essential Introduction. Abingdon England, 2010, 271.
[12] Cf. Heinze, Carsten, „Das Image des Dokumentarfilms“, in: Jörn Ahrens et al. (Hrsg.), Kampf Um Images, Wiesbaden, 2015, 155-156.
[13] Cf. Elhem, P., Review of ‘C’est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoode’, 24 images, 1992, 53.
[14] Cf. Heinze, Das Image des Dokumentarfilms, 166-168.
[15] Cf. idem., 169-171.
[16] Cf. idem., 169.
[17] Cf. idem., 175.
Bibliographie
Benyahia, Sarah Casey et al. AS Film Studies: The Essential Introduction. Abingdon England, 2010.
Bluth, Johannes, „Das Leben ist ein diffuser Tumor“, Spiegel Kultur (14.12.2017), URL: https://www.spiegel.de/kultur/kino/belgische-komoedien-das-leben-ist-ein-diffuser-tumor-a-1183162.html (31.05.2021).
CHARREAU, Leslie et al., „La belgitude en cinématographie, les membres de SBC à propos de leur style de travail“, Mediarte (2020), URL: https://www.mediarte.be/fr/dossiers/formation/stories/la-belgitude-en-cinematographie-les-membres-de-sbc-a-propos-de-leur (31.05.2021).
Elhem, P., Review of ‘C’est arrivé près de chez vous de Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoode’, 24 images, 1992, 53.
Foster, Gwendolyn Audrey, Identity and Memory: The Films of Chantal Akerman, Edwardsville, 2003.
Godin, Marc, „Pourquoi il faut (re)voir « C'est arrivé près de chez vous »“, Le Point (2020), URL: https://www.lepoint.fr/pop-culture/pourquoi-il-faut-re-voir-c-est-arrive-pres-de-chez-vous-23-11-2020-2402236_2920.php (31.05.2021).
Heinze, Carsten, „Das Image des Dokumentarfilms“, in: Jörn Ahrens et al. (Hrsg.), Kampf Um Images, Wiesbaden, 2015, 153–179.
Rugani, Fiona, „Der belgische Film in Deutschland“, BelgienNet (2020), URL: https://belgien.net/der-belgische-film-in-deutschland/ (31.05.2021).
Wyrsch, Georges, „Das Kino der Aussenseiter“, in: SRF (06.08.2017), URL: https://www.srf.ch/kultur/film-serien/das-kino-der-aussenseiter (31.05.2021).
O.A., „Mann beißt Hund“, in: ImDb (o.A.), URL: https://www.imdb.com/title/tt0103905/?ref_=rvi_tt (31.05.2021).
Matériel de film
C’est arrivé près de chez vous (1992, Belgique), réalisation : Rémy Belvaux, André Bonzel et Benoît Poelvoorde.