Ayant été souvent décrite comme l'une des communautés les mieux protégées dans le monde,[1] la communauté linguistique allemande, ou Communauté germanophone de Belgique est tout aussi riche en patrimoine historique que culturel tel les autres communautés belges, à savoir celle francophone en Fédération Wallonie-Bruxelles, ainsi que celle néerlandophone en Flandre. L'histoire de cette région belge atypique, située à l'est de la Wallonie, autrement dit, à l'est de la Belgique dont son nom « Ostbelgien », est très intéressante et remonte au début même de la création du royaume belge en 1830, voire au-delà. Dans le point suivant, l'aspect historique de l'acquisition des anciens territoires prussiens, allemands par après, sera traité en bref afin d'établir un lien historique au thème de cet article, en l'occurrence la fête de la Communauté germanophone de Belgique. Ensuite ce sera au tour de la fête elle-même d'être expliquée, c'est-à-dire son origine, sa légitimité vis-à-vis la loi belge, ses traditions, son déroulement depuis son adaptation et surtout ses célébrations lors de ces deux dernières années de 2020 et 2021 en pleine crise sanitaire mondiale du coronavirus.
Sommaire
- Aperçu historique sur la Communauté germanophone de Belgique
- La fête du Roi
- L'instauration de la fête de la Communauté germanophone de Belgique
- Les célébrations de la fête
- La fête lors du Covid-19
- Notes de bas de page
- Sources
Sachant que cette communauté ne dépasse pas les 100 000 habitants (78 144 en 2020), il ne faut pas s'étonner que beaucoup de gens, hormis les Belges bien évidemment, ne sachent pas qu'un tel groupe d'habitant de langue maternelle allemande fait partie intégrante de la Belgique, un pays réputé pour être à la fois francophone et néerlandophone. En effet, même si cette communauté germanophone ne constitue pas un Etat fédéral à part entière (encore) tels les 3 Etats fédéraux avec leurs pouvoirs exclusifs (Wallonie, Flandre, Bruxelles-Capitale), cette dernière est tout de même inscrite dans la constitution belge comme étant une communauté linguistique faisant partie du royaume. Par ailleurs, la langue allemande est l'une des trois langues officielles belges. C'est notamment grâce à cette partie orientale de l'Etat belge que l'allemand a pu trouver sa place de langue co-officielle du pays. En tout on recense « 9 grandes communes » situées à la frontière avec l'Allemagne, les Pays-Bas et le Luxembourg et qui constituent l'ensemble des Cantons de l'Est, autrement dit, de la Communauté germanophone. Celles-ci couvrent une superficie de 854 KM² et sont; Amblève (Amel), Bullange (Büllingen), Burg-Reuland, Bütgenbach, Eupen, La Calamine (Kelmis), Lontzen, Raeren et Saint-Vith (Sankt Vith). Aussi, il est à savoir que ces 9 communes sont également considérées comme étant des communes à facilités pour la minorité francophone qui y habite. Ainsi, elles font partie des quelques « 27 communes à facilités linguistiques » qui se trouvent partout en Belgique.
Aperçu historique sur la Communauté germanophone de Belgique
La présence de tribus germaniques dans l'actuelle région germanophone belge remonte à l'époque romaine, voire bien au-delà. En effet, la frontière qui séparait les villes romaines de Tongres (en Belgique) et de Cologne (en Allemagne) traversait déjà cette région qui abritait à l'époque de nombreux peuples germaniques et qui fut occupée par les romains. Après la période romaine, la prise de pouvoir des tribus germaniques en Europe (dans les anciens territoires de l'empire romain déchu), le moyen âge, ainsi que la renaissance, l'occupation espagnole et d'autres bouleversements historiques, économiques et socio-culturels, la zone nord, celle de la région d'Eupen, faisait partie, jusqu'à la fin de l'Ancien Régime en 1794, principalement du duché de Limbourg. En ce qui concerne la zone sud, l'Eifel belge, cette dernière appartenait en grande partie au duché de Luxembourg. Quant à la région de Manderfeld-Schönberg, celle-ci se situait tout au nord de l'électorat de Trèves (en Allemagne).
Par rapport à l'histoire moderne de la région germanophone belge, l'ensemble de ce territoire fut brièvement occupé par « la France révolutionnaire » en 1794-1795 lors de sa conquête des Pays-Bas autrichiens. Avec la chute de Napoléon en 1815, le paysage politique de l'Europe fut remodelé lors du Congrès de Vienne de la même année. Ainsi, la Rhénanie, devenue prussienne en 1815, s'est vue attribuer la région d'Eupen, l'Eifel belge et une partie de l'ancienne abbaye de Stavelot-Malmedy. Ces territoires formaient alors les districts d'Eupen et de Malmedy lors de l'autorité prussienne. Concernant le territoire contesté de Moresnet, avec son chef-lieu La Calamine, qui fut disputé par plusieurs Etats de la région pour ses riches gisements de calamine (sorte de zinc), celui-ci fut placé sous l'administration prussienne et hollandaise, et puis prussienne et belge dès l'indépendance de la Belgique en 1830. L'évènement crucial en raison duquel la région germanophone belge fait aujourd'hui partie intégrante de la Belgique fut la Première Guerre mondiale (la Grande Guerre). Même si les habitants d'Eupen et de Malmedy ont fait la guerre en tant que soldats de l'Empire allemand, leurs régions se sont vues attribuer à la Belgique lors du traité de Versailles (1919-1920) qui condamna l'Allemagne de tout part. Cette annexion fut officialisée après qu'un référendum controversé ait eu lieu dans les territoires d'Eupen-Malmedy et de Moresnet. Dans l'entre-deux-guerres ces territoires furent divisés en « trois cantons judiciaires », à savoir celui d'Eupen, de Malmedy et de Saint-Vith. Des territoires appelés depuis lors les « Cantons de l'Est ».
Au sein de la population germanophone, il y avait un ressentiment de ne pas appartenir à la Belgique, c'est pour cela que de nombreuses personnes et partis politiques voulaient d'un rattachement à l'Allemagne. Cette dernière s'était tout de même opposée à une éventuelle modification forcée du traité de Versailles lors de la « république de Weimar ». Pour mettre fin aux doutes de sa nouvelle population, l'Etat belge a dès 1926 fait imposer sa constitution et ses lois dans ces territoires, notamment à Eupen-Malmedy, pour que leurs habitants deviennent des "Belges à part entière". Néanmoins, traversant une crise économique sans précédent vers la fin des années 1920, la Belgique entama des négociations avec l'Allemagne pour lui vendre ces territoires pour « la somme de 200 millions de marks-or ». Des négociations qui n'aboutirent à rien à cause du refus catégorique de la France.
Avec l'arrivée d'Hitler et de son parti national-socialiste au pouvoir en Allemagne en 1933, les germanophones belges se divisèrent entre des partisans pro-belges et d'autres pro-allemands. Un désaccord fondamental qui bouleversa le quotidien de la population d'antan. Peu après l'éclatement de la Seconde Guerre mondiale, la Belgique fut envahie le 10 mai 1940 par les troupes de la Wehrmacht. Sous les commandements d'Hitler, la région d'Eupen-Malmedy et d'autres territoires frontaliers (entre l'Allemagne et la Belgique) furent annexés par l'Allemagne nazie au « Reich allemand ». A l'instar de la quasi-totalité de l'Europe, le territoire d'Eupen-Malmedy déplora un très lourd bilan humain (comptant la perte de 3200 des 8700 hommes qui faisaient partis de l'armée allemande) et matériel (avec de nombreuses villes rasées, telles la ville de Saint-Vith et d'autres dans l'Eifel). Vers la fin 1944, les territoires belges germanophones qui furent annexés par l'Allemagne furent restitués à la Belgique par les Alliés.
Dès la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, or le 8 mai 1945, la Belgique avait aussitôt commencer à purger tous les présumés ou vrais collaborateurs du régime nazi lors de l'occupation de ses territoires. Les populations des régions belges qui ont fait partie de l'Allemagne durant la guerre ont été particulièrement visées par ses poursuites et cette épuration. N'ayant rien fait pour empêcher la perte de ses territoires en faveur de l'ennemi, l'Etat belge n'a pas été clément avec ces régions frontalières, bien au contraire, des centaines d'habitants furent soit emprisonnés soit tués par vengeance. Ce sujet était si sensible en Belgique qu'il ne fut définitivement résolu que jusqu'à 1989. En invalidant l'annexion forcée d'Eupen-Malmedy par les nazis en 1940, la République fédérale d'Allemagne s'est mis d'accord sur ses frontières occidentales avec la Belgique en signant le « Traité de septembre » en 1956 afin d'entamer une ère de « réconciliation » entre elle et sa voisine. Une nouvelle situation qui allait profiter à la communauté germanophone de Belgique et à l'ensemble de l'Europe occidentale en générale.
A partir de la seconde moitié du 20e siècle, la situation politique des territoires germanophones de Belgique s'est considérablement améliorée avec les différentes réformes politiques qu'a connu l'ensemble du pays. En tout, il y a eu six grandes réformes qui ont façonné l'histoire récente de la Belgique incluant celle de la Communauté germanophone. Tout d'abord, il y a eu entre 1962 et 1963 l'adaptation de lois sur les langues en matière administrative qui divisèrent le royaume en « quatre zones linguistiques » distinctes dont celle germanophone avec 25 communes au départ, devenues 9 grandes communes dès 1976. De 1968 à 1971 a eu lieu la « première grande réforme » de l'Etat. Celle-ci inscrivait la division linguistique du pays dans la constitution, instaurait trois communautés culturelles (française, néerlandaise et allemande), ainsi que trois conseils de la culture. C'est lors de cette réforme que les trois grandes régions belges furent mis en place; à savoir celle wallonne, flamande et bruxelloise. C'est le début du processus de fédéralisation du pays. Les communautés culturelles instaurées auparavant furent substituées par les Communautés Française, Flamande et Germanophone lors de « la seconde réforme » qui eut lieu entre 1980 et 1983. Au cour de cette même réforme, la Communauté germanophone s'est vue doter d'un gouvernement et de plus de pouvoirs, tels dans les relations intercommunautaires et internationales, ainsi qu'en matières culturelles et personnelles.
Quant à la « troisième réforme » de 1988 à 1990, celle-ci prévoyait le transfert du système d'enseignement à l'autorité communautaire et la hausse des dotations financières de l'Etat fédéral à la Communauté germanophone. La réforme constitutionnelle la plus importante dans l'histoire belge est la « quatrième réforme » de 1993-1994 qui officialisa la fédéralisation du pays. Lors de cette dernière, plusieurs changements eurent lieu; entre autres il y a eu le transfert de plus de pouvoirs en faveur des différentes communautés, la possibilité à chaque région d'élire indépendamment son parlement et son gouvernement, la scission du Brabant pour avoir 10 provinces belges et la protection des minorités linguistiques. Concernant la région germanophone qui fait partie de la Wallonie en tant qu'entité fédérale, il lui était dorénavant possible d'avoir son propre système de financement et de former une circonscription à part pour les élections européennes. Lors des deux dernières grandes réformes, celle de 2001 et celle de 2014, plus d'autonomie et de nouveaux pouvoirs furent accordés à la Communauté germanophone. Il s'agit ici notamment d'un élargissement de compétences dans le domaine public, social, politique, économique, juridique, touristique, de l'emploi et de la santé.
La fête du Roi
Pour parler de la fête de la Communauté germanophone de Belgique et connaitre son origine, il est nécessaire d'évoquer la fête du Roi et d'avoir plus d'informations concernant celle-ci. En effet, en Belgique ces deux fêtes sont célébrées à la même date, c'est-à-dire le 15 novembre de chaque année. Concernant la fête du Roi, il faut savoir que cette dernière a connu tant de différentes dates que de différentes appellations au cours des années. Tout au début de l'instauration de cette fête par le premier Roi des Belges, à savoir, Léopold Ier en 1831, la date choisie par lui était le 16 décembre, une date qui coïncidait avec son jour de naissance. A cette époque, la cérémonie se divisait entre un « Te Deum » (chant religieux catholique), des parades militaires et des célébrations populaires dans beaucoup de villes belges. Par ailleurs, ce genre de fête n'était pas une première en Europe. En effet, d'autres souverains européens tels Napoléon Ier ou Guillaume Ier ont eux aussi par le passé instauré des fêtes pareils rassemblant leurs propres anniversaires avec une fête nationale de leurs royaumes respectifs en leur honneur.[2]
Dès son accession au trône de Belgique, Léopold II déplaça la date de la fête du 16 décembre au 15 novembre afin qu'elle coïncide avec le jour de la « Saint-Léopold ». Une fête qui fait partie du « calendrier liturgique germanique ». Des décennies plus tard, c'est au tour d'Albert Ier de devenir roi des Belges en 1909. Ce dernier changea lui aussi la date de la fête à son tour. La nouvelle date qu'il attribua à la fête fut le 26 novembre. Il se trouve que ce jour soit aussi celui de la « Saint-Albert », un autre événement religieux faisant partie du « calendrier liturgique germanique ». Cependant, la date fixée par le roi Albert Ier sera rapidement changée car sa mère (la princesse Marie de Hohenzollern-Sigmaringen) mourut à la même date. C'est pour cela qu'il déplaça la date une nouvelle fois au 15 novembre comme au temps de Léopold II.[3]
Toujours sous l'ère du même roi, la fête en son honneur sera une autre fois décalée à cause de la fête de la commémoration de l'armistice de 1918 qui fut instaurée par le Parlement belge dès 1922 et qui fut fixée pour le 11 novembre. Constatant que les deux dates étaient très proches l'une de l'autre, une nouvelle date fut choisie pour la fête du Roi en collaboration avec l'Eglise de Belgique. Désormais, cette fête devait avoir lieu le 27 du mois de novembre. Une date qui, d'après le « calendrier liturgique belge », coïncide à son tour avec la fête du « bienheureux Albert le Grand ». Après tant de changements de dates, c'est le roi Léopold III qui, en 1934, refixa la date au 15 novembre d'une façon définitive. Tous les autres rois qui lui ont succédé n'ont plus procéder à une nouvelle modification de cette date. De plus, en 1951 le roi Baudouin se trancha pour une unique dénomination de cette fête, à savoir « la fête du Roi ». Toutes les autres expressions n'étaient plus reconnues, telle « la fête de la Dynastie ».[4]
De nos jours, les célébrations de cette fête sont de nature religieuse, militaire et civile, comme le fut le cas depuis le XIXe siècle. Les plus grandes festivités sont organisées à Bruxelles et transmises à la télévision. Cependant, seule grande différence est que le couple régnant n'y participe plus personnellement. Il se trouve aussi que cette fête a perdu de son aura et de son côté festif au sein de la population, et ce, au profit d'autres fêtes nationales et communautaires. Depuis son origine, ce jour a toujours été un jour férié que pour les fonctionnaires de l'Etat au niveau national, régional et local. Le fait que le 15 novembre soit un jour férié (depuis 1994) dans l'ensemble des communes de la Communauté germanophone de Belgique, que ce soit dans le secteur public ou dans l'enseignement et le secteur privé, c'est parce qu'il l'est en raison de la fête officielle de cette région.[5]
L'instauration de la fête de la Communauté germanophone de Belgique
Après le nouveau façonnement de l'Etat belge et les différents droits accordés jusqu'alors à la Communauté germanophone de Belgique dans les Cantons de l'Est, l'exécutif « Maraite I » de ladite Communauté enclencha le processus de doter sa région d'un jour férié, d'armoiries et d'un drapeau distincts et propres à cette Communauté qui ne cessait de s'imposer sur la scène politique belge et européenne. Pour concrétiser son projet, le ministre-président de l'époque, Joseph Maraite, déposa un projet de décret à la fin d'août 1990. Ce texte stipulait qu'il était tout à fait compréhensible qu'une minorité nationale choisisse une date symbolique de commémoration, dans ce cas la fête du Roi, pour qu'elle corresponde aussi à sa propre fête officielle et que les futurs ministre-présidents devaient prêter serment auprès du roi en personne.[6]
Les raisons du choix de la réappropriation de cette date d'après ce texte étaient pour démontrer le fort sentiment d'appartenance à la nation belge et de prendre comme modèle la famille royale afin de symboliser l'unité et la sérénité intercommunautaire et interrégionale du royaume. Ce texte de loi fut adopté le 1er octobre de la même année et promulgué le jour même. Les demandes de l'exécutif formulées dans le décret furent toutes acceptées. Ceci n'a pas surpris beaucoup de monde car en 1988 le roi avait été informer au préalable de cette démarche à venir du gouvernement de la Communauté germanophone pour pouvoir se doter de ces attributs. Des demandes face auxquelles le souverain belge était très réceptif et pour lesquelles il exprima son accord.[7]
Toutefois, les membres de la commission germanophone n'étaient pas tous sur la même longueur d'ondes. En effet, beaucoup d'entre eux ont reproché à Joseph Maraite et ses partisans d'avoir agi sans concertation générale avec tous les membres de l'exécutif. Ils estimaient que partager la même date de leur future fête avec une ancienne fête nationale belge ne serait pas judicieux, et qu'il fallait lui préférer une référence européenne ou bien la date de la mise en place du Conseil culturel de leur communauté. Pour ceux qui était en faveur de ce décret, ils ont défendu ce choix de date en avançant plusieurs arguments. Entre autres pour remercier l'Etat belge pour toutes les faveurs et les avantages accordés à leur communauté, et afin de démontrer l'attachement et la gratitude des germanophones belges de l'est envers la couronne de la Belgique.[8] C’est par ailleurs la raison pour laquelle l’expression « plus belges des Belges » revient souvent dans les discours patriotiques des germanophones belges.[9]
Il convient tout de même de reconnaitre qu'il y a, même de nos jours, plusieurs opinions divergentes concernant la date choisie 31 ans auparavant pour fixer la fête de l'Ostbelgien. Dans ce sens, plusieurs dates sont mises en avant et proposées par certains politiciens et groupes de citoyens de cette communauté. Celles qui reviennent le plus souvent sont le 20 septembre, le 23 octobre, le 31 décembre et le 30 janvier. Concernant la première date suggérée, il s'agit du jour où la Belgique s'est vue attribuée cette nouvelle région en 1920 après le « traité de Versailles » à la fin de la « Grande Guerre ». La seconde représente la première séance du Conseil culturel de la Communauté culturelle allemande en 1973. Le 31 décembre 1983 fut la date de loi qui attribua un statut juridique à cette communauté. Quant à la dernière date proposée, le 30 janvier 1984, il s'agit du jour de l'installation du premier exécutif de l'entité fédérée.[10]
Malgré le nombre des dates concurrentes à celle du 15 novembre, il n'y a aucune d'entre elles qui fait l'unanimité. En effet, tandis que certaines dates ne sont purement qu'institutionnelles et politiques, d'autres sont susceptibles de faire resurgir un sentiment de tristesse et le souvenir de conflits antérieurs. En résumé, toutes ces journées n'ont pas le caractère d'une date unificatrice comme celle du 15 novembre. En choisissant la date de la fête du Roi, la Communauté germanophone est la seule communauté belge qui a un symbole général comme référence à sa fête officielle contrairement aux autres communautés du pays qui ont des fêtes officielles basées sur des événements historiques précis et de caractère régional.[11]
Les célébrations de la fête
Contrairement aux célébrations à la fois religieuses, militaires et publiques de la fête du Roi qui ont lieu partout en Belgique (principalement à Bruxelles) et à la même date de la fête de la Communauté germanophone, les festivités qui caractérisent la région de langue allemande située à l'est de la Belgique sont plus de nature publique et politique. Depuis un peu plus d'une trentaine d'année, les 9 grandes communes de la Communauté germanophone organisent plusieurs spectacles, concerts, animations, festivités et divers évènements sportifs et culturels pour la population afin de célébrer leur fête régionale. Ces multiples évènements et célébrations se tiennent généralement dès le début du mois de novembre et vont jusqu'au 1e décembre. Par contre, elles ne sont pas de caractère journalier, ce qui signifie qu'il y a des jours sans festivités.
En outre, la manifestation protocolaire officielle, de caractère politique, est organisée chaque année dans l'une des communes de la région de langue allemande. En effet, ces communes s'échangent cet accueil tour à tour. Vu le caractère politique de l'organisation de la manifestation protocolaire, c'est en général les mandataires locaux et autres politiciens de la région qui y participent. En 2016 et en 2017 le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, était présent au « Triangel » de Saint-Vith en tant qu'invité d'honneur pour participer à un échange avec les citoyens sur le thème de l'Europe.
Ce genre de rencontre lors du 15 novembre est aussi organisé à Bruxelles au sein de la représentation permanente de la Communauté germanophone là-bas en la présence de centaines d'invités. En plus du ministre-président et d'autres membres du gouvernement et du parlement germanophone, on y trouve aussi des représentants des communautés française et flamande ainsi que de l'Etat fédéral. Par exemple, en 2016 Didier Reynders (ancien ministre belge des Affaires étrangères) et Elio Di Rupo (à cette époque président du PS et actuellement ministre-président de la Wallonie) étaient tous les deux invités à la réception. Devenue une sorte de tradition, chaque année le ministre-président des Cantons de l'Est (Oliver Paasch depuis 2014) tient un discours à Bruxelles ou à Eupen pour rappeler l'importance de cette date et ce qu'elle symbolise pour l'ensemble de la population de sa communauté.
Afin de donner quelques exemples concrets de ce qui est généralement organisé pour célébrer cette fête lors des précédentes années, voici le programme des évènements prévus pour l'année 2019 pour l'occasion:
- 2/11 : match à domicile des Roller Bulls Ostbelgien contre les champions en titre Thuringia Bulls à Saint-Vith.
- 10/11 : matinée concert avec le Trio Dujardin-Laloy à Eupen.
- 16/11 : match à domicile du HC Eynatten-Raeren contre le Sasja HC.
- 16/11 : pièce de théâtre « Vive la patrie » dans le Triangel de Saint-Vith.
- 16/11 : match à domicile du KTSV Eupen contre le HC Kraainem.
- 16 & 17/11 : échange carnavalesque et l'ouverture de la session organisés par l'AGK Eupen-Kettenis.
- 17/11 : chœur de clarinettes de l'IMEP avec les solistes Jean-Luc Votano et Luisa Fink au monastère de Heidberg.
- 23/11 : match à domicile du VBC Lommersweiler contre Olne.
- 23/11 : match à domicile de l'AS Eupen contre le Standard de Liège au stade Kehrweg.
Pour trouver plus d'évènements concernant cette fête, un hashtag a été mis en ligne sur les réseaux sociaux par les autorités de la Communauté germanophone. Celui-ci est #MeinFesttag1511. En cliquant dessus, c'est la page officielle de cette communauté qui s'ouvre (Ostbelgienlive.be). En plus d'avoir un aperçu sur différents évènements qui ont lieu dans les 9 communes germanophones, cette page internet permet d'avoir plus d'informations générales sur l'ensemble de cette région.
La fête lors du Covid-19
En raison de la pandémie mondiale du coronavirus qui sévit depuis le début de l'année 2020 dans le monde entier, toutes les différentes célébrations ou autres évènements culturels ont dû être minimiser ou parfois même annuler. Les festivités de la fête de la Communauté germanophone de Belgique ont subi le même sort. Compte tenu de la situation précaire et incertaine que génère cette épidémie avec les différents confinements de la population etc., il est désormais obligatoire d'avoir l'application du Covid Safe Ticket sur son téléphone portable et être soit complètement vacciné avec deux semaines dépassées, guéri mais sous une période de 6 mois ou testé négatif au coronavirus afin de pouvoir participer à des évènements culturels, sportifs ou autres. De plus, le porte du masque est tout aussi obligatoire que les gestes barrières lors des différentes cérémonies qui peuvent avoir lieu.
Concernant les événements liés à la commémoration de la fête de la Communauté germanophone et qui ont pu avoir lieu dans le mois de novembre de cette année, en tenant compte des conditions imposées, ceux-là sont tout de même beaucoup plus nombreux que ceux de l'année précédente. Voici un aperçu du programme de cette année :
- 6,7,12,13 & 14/11 : 1945 - le concert commémoratif de la Seconde Guerre mondiale à Eupen.
- 12/11 : concert de piano neo-classic avec Martin Kohlstedt au Chudoscnik Sungergia à Eupen.
- 13/11 : murmures de nuit dans les musées de la Belgique de l'est.
- 14/11 : ouverture de la session carnavalesque de l'AGK Eupen-Kettenis.
- 20/11 : match de handball à domicile du KTSV contre Merksem.
- 20/11 : derby de volley-ball à Lommersweiler.
- 20, 21, 27 & 28/11 : pièce de théâtre de la troupe Kettenis « Sketch ab » à Eupen.
- 21/11 : conférence; l'Europe concrète : vivre en région frontalière au parlement de la Communauté germanophone.
- 26/11 : OstbelgienFestival présente : Les Copains d'abord goes Symphonic au Triangel de Saint-Vith.
- 27/11 : match de football à domicile du KAS Eupen contre le KV Kortrijk.
- 4/12 : match de handball du HCER contre le KTSV.
- Von Walid Daoud, Universität Paderborn -
Notes de bas de page
[1] Istasse, Cédric : « Histoire et mémoire(s) : le 15 novembre, de la fête du Roi à la fête de la Communauté germanophone », dans : Les analyses du CRISP en ligne, (13/11/2018), p. 8
[2] Cf. ibid., p. 1-2
[3] Cf. ibid., p. 2
[4] Cf. ibid., pp. 2-3
[5] Cf. ibid., p. 3
[6] Cf. ibid., p. 3-4
[7] Cf. ibid., p. 4
[8] Cf. ibid., p. 5
[9] Cf. ibid., p. 1
[10] Cf. ibid., p. 5
[11] Cf. ibid.
Sources
- Belga : « La Communauté germanophone est à la fête pour la 29e fois », dans : RTBF.be, (15/11/2018), URL : https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_la-communaute-germanophone-est-a-la-fete-pour-la-29e-fois?id=10073593 (21/11/2021)
- « Structure de la population », dans : Statbel, (16/06/2021), URL: https://statbel.fgov.be/nl/themas/bevolking/structuur-van-de-bevolking (24/11/2021)
- Istasse, Cédric : « Histoire et mémoire(s) : le 15 novembre, de la fête du Roi à la fête de la Communauté germanophone », dans : Les analyses du CRISP en ligne, (13/11/2018), URL : https://www.crisp.be/crisp/wp-content/uploads/analyses/2018-11-13_ACL-Istasse_C-2018-Fete_de_la_Communaute_germanophone.pdf (21/11/2021)
- Newson, Heide: „Festtag der Deutschsprachigen Gemeinschaft“, in: Belgieninfo.net, (15.11.2019), URL: https://www.belgieninfo.net/festtag-der-deutschsprachigen-gemeinschaft/ (21.11.2021)
- Ostbelgien: „Chronik der Deutschsprachigen Gemeinschaft“, in: Ostbelgienlive.be, URL: https://ostbelgienlive.be/desktopdefault.aspx/tabid-92/ (21.11.2021)
- Ostbelgien: „Festtag 1511“, in: Ostbelgienlive.be, URL: https://ostbelgienlive.be/desktopdefault.aspx/tabid-4739/ (21.11.2021)
- Ostbelgien: „Zur Geschichte der Deutschsprachigen Gemeinschaft“, in: Ostbelgienlive.be, URL: https://ostbelgienlive.be/desktopdefault.aspx/tabid-6021/1532_read-45663/ (21.11.2021)
- Ostbelgiendirekt: „Der Festtag der DG am 15. November soll auch in diesem Jahr möglichst vielen Bürgern etwas bieten“, in: Ostbelgiendirekt.be, (01.11.2019), URL: https://ostbelgiendirekt.be/festtag-der-dg-am-15-november-228746 (21.11.2021)